Dans notre parcours de formation en secourisme, nous accordons une importance capitale à la maîtrise du garrot. Cette technique, lorsqu’elle est correctement exécutée, peut littéralement sauver des vies face à une hémorragie massive. Selon les données de la Sécurité Civile, plus de 2 500 personnes décèdent chaque année en France suite à des hémorragies non maîtrisées, un chiffre qui pourrait être significativement réduit avec une meilleure connaissance des gestes d’urgence.
Quand et pourquoi utiliser un garrot en situation d’urgence
Le garrot représente une solution de dernier recours face à une hémorragie externe massive d’un membre. D’après les recommandations issues du consensus scientifique ILCOR de 2015, cette technique s’impose uniquement lorsque la compression manuelle directe, avec ou sans pansement compressif, s’avère inefficace ou impossible à maintenir.
Testez vos reflexes en secourisme face à différents scenarios
Vous pourriez vous demander quelles situations justifient précisément le recours à un garrot. Nous identifions plusieurs cas spécifiques :
- Amputation d’un membre avec saignement abondant
- Présence de multiples plaies hémorragiques sur un même membre
- Hémorragie avec corps étranger inextricable
- Nécessité de libérer vos mains pour gérer une autre urgence vitale
- Contexte d’afflux massif de victimes limitant le temps disponible par personne
Contrairement à certaines idées reçues, l’efficacité d’un garrot ne dépend pas de sa position par rapport à un os. Son mécanisme d’action repose sur la création d’une contre-pression supérieure à la pression artérielle dans le membre concerné. Cette précision technique explique pourquoi un garrot peut être efficace même sur un segment de membre comportant deux os, comme l’avant-bras ou la jambe.
Étant formateurs en secourisme et sécurité au travail, nous insistons sur l’importance d’intégrer cette nuance dans votre compréhension du geste. Cette connaissance vous permettra d’agir avec plus d’assurance dans des situations où chaque seconde compte.
Technique détaillée pour réaliser un garrot efficace
La pose d’un garrot suit une méthodologie précise que nous enseignons lors de nos sessions pratiques. Vous devez placer le dispositif à quelques centimètres au-dessus de la plaie hémorragique, jamais directement sur une articulation qui compromettrait son efficacité.
Voici la procédure détaillée en 7 étapes essentielles :
- Sélectionner un lien de toile solide et suffisamment large (3 à 5 cm minimum)
- Effectuer deux tours complets autour du membre à l’endroit choisi
- Réaliser un premier nœud solide pour maintenir la tension initiale
- Placer une barre rigide (bois, PVC dur ou métal) de 10 à 20 cm au-dessus du nœud
- Fixer cette barre par deux nœuds supplémentaires
- Tourner progressivement la barre pour augmenter la tension jusqu’à l’arrêt complet du saignement
- Sécuriser la position finale de la barre pour maintenir la compression
Si vous ne disposez pas d’une barre pour le serrage, une alternative consiste à utiliser uniquement le lien large. Dans ce cas, serrez le nœud avec la plus grande force possible en tirant fermement sur chaque extrémité du lien, puis sécurisez l’ensemble par un double nœud de maintien.
Un point crucial de notre enseignement en formation Sauveteur Secouriste du Travail : une fois posé, le garrot doit rester constamment visible et ne jamais être retiré par un non-médecin. Cette règle fondamentale évite des complications potentiellement fatales liées à une décompression inadaptée.
Matériel et alternatives pour réaliser un garrot d’urgence
La diversité des situations d’urgence nous amène à adapter notre approche en fonction du matériel disponible. Dans l’idéal, vous utiliserez un garrot tourniquet commercial spécialement conçu pour cet usage. Ces dispositifs équipent désormais de nombreux lieux publics et trousses de secours professionnelles depuis les attentats de 2015.
En l’absence d’équipement spécifique, plusieurs alternatives peuvent être envisagées :
| Type de matériel | Avantages | Inconvénients |
|---|---|---|
| Cravate, foulard, écharpe | Facilement disponible | Largeur parfois insuffisante |
| Ceinture en tissu | Bonne résistance | Difficulté à maintenir la tension |
| Bande élastique large | Répartition de la pression | Peut se détendre progressivement |
| Matériel de fortune improvisé | Solution de dernier recours | Efficacité variable, risques accrus |
Notre expérience de terrain nous a appris que la largeur du lien utilisé constitue un facteur déterminant pour l’efficacité et la sécurité du garrot. Un lien trop étroit risque de sectionner les tissus sous-jacents ou de provoquer des lésions nerveuses permanentes. C’est pourquoi nous recommandons toujours un matériel d’au moins 3 cm de large.
Si vous êtes amené à gérer une situation d’urgence impliquant un malaise ou une hémorragie, rappelez-vous que votre intervention rapide et méthodique peut faire toute la différence.
Risques et précautions liés à l’utilisation d’un garrot
L’application d’un garrot n’est pas un geste anodin et comporte des risques que nous abordons systématiquement dans nos formations. La principale préoccupation concerne la durée de maintien du garrot sur le membre. Au-delà de deux heures, le risque de lésions nerveuses et de paralysie devient significatif.
Après quatre à six heures d’ischémie (privation de sang), des complications majeures peuvent survenir :
La gangrène du membre peut s’installer, nécessitant parfois une amputation chirurgicale. Des troubles rénaux graves peuvent également apparaître suite à la libération de toxines dans la circulation lors du desserrage, mettant potentiellement en danger la vie de la victime. La macro et la micro-circulation sanguines étant totalement interrompues par le garrot, les tissus privés d’oxygène subissent des dommages progressifs.
Heureusement, grâce à l’organisation actuelle des secours en France, la plupart des victimes d’hémorragies graves parviennent dans un service d’urgence dans l’heure suivant l’accident. Cette rapidité de prise en charge limite considérablement les risques évoqués.
Soulignons l’heure précise de pose du garrot et de la communiquer aux équipes médicales. Cette information déterminante guidera leurs décisions thérapeutiques. Pour les professionnels amenés à utiliser ces techniques régulièrement, nous rappelons l’importance du maintien à jour de leurs compétences en secourisme par des recyclages réguliers.